Orientation
Les projets présentés ci-dessous proposent aux jeunes une orientation scolaire et professionnelle plus active, dont ils sont véritablement acteurs. Ces projets peuvent prendre la forme d’un tutorat entre étudiants et collégiens, d’un partenariat étroit entre universités et lycées d’un même secteur, ou encore d’un renforcement très significatif de l’information délivrée aux lycéens sur les formations auxquels ils postulent.
Documents
1. Enjeux pour les politiques publiques
La sociologie de l’éducation montre que pour certains jeunes, issus en particulier de milieux populaires, l’orientation scolaire est davantage « subie » que « choisie », et que cela a des conséquences à long terme sur la qualité de leurs études. Sandrine Garcia a relevé que « la plupart des enquêtes permettent d’observer la corrélation entre un passé scolaire défavorable, caractérisé le plus souvent par une orientation subie en filière technologique ou professionnelle, et l’échec à l’université ». La qualité de l’investissement scolaire des jeunes dépend ainsi « du rapport que les étudiants entretiennent avec leur avenir, c’est-à-dire de la possibilité qu’ils ont de s’identifier à un avenir professionnel désirable dépendant lui-même de l’univers des orientations possibles ».
A l’origine de ces difficultés d’orientation se trouvent notamment un déficit d’information sur l’éventail des possibilités de formations, les contenus, exigences et débouchés des différents filières et métiers, et des mécanismes d’autocensure par lesquels des élèves s’interdisent l’entrée dans certaines filières, sous l’influence de facteurs liés à la condition sociale et aux stéréotypes de genre. Pour ces raisons, la concertation sur la politique de la jeunesse, menée en 2009, souhaitait faire de la réforme de l’orientation une priorité, pour que celle-ci ne soit plus conçue « comme la décision prise à un moment donné pour le compte de l’élève », mais comme « un processus continu, accompagné et permettant à l’élève de construire un projet d’orientation, éclairé par une véritable découverte des métiers et du monde du travail ».
Pour ce faire, les projets expérimentent des modalités innovantes de coordination des acteurs de l’orientation, de transition entre la scolarité secondaire et l’enseignement supérieur, de liaison entre le monde scolaire et le monde de l’entreprise et de sensibilisation des jeunes. Les dispositifs expérimentés s’organisent principalement autour des classes de troisième et de terminale, qui représentent des moments décisifs pour l’orientation, mais ont pour vocation à s’inscrire dans une démarche de plus longue durée.
Les évaluations devraient permettre d’apporter des réponses aux questions suivantes : quelles coordinations des acteurs de l’orientation sont les plus efficaces ? Quelles actions permettent d’élargir les choix d’orientation des élèves ? Comment faciliter la transition entre le lycée et l’université ? Et quels dispositifs permettent d’établir des liens entre les démarches d’orientation et le monde de l’entreprise ?
2. Dispositifs expérimentés
46 expérimentations sont soutenues par le FEJ qui devraient bénéficier à environ 198 000 jeunes :
- 34 s’inscrivant dans le cadre de l’axe 1 « Réduire les sorties prématurées du système de formation initiale » (AP1, publié en avril 2009) ;
- 10 s’inscrivant dans le cadre de l’axe 2 « Diversification des choix d’orientation scolaire et professionnelle des jeunes filles » (AP3,publié en décembre 2009) ;
- 1 issue de l’appel à projets publié en 2008 par la DIIESES ;
- 1 retenue hors appel à projets (HAP).
5 de ces projets sont portés par des collectivités territoriales.
Ils ont pour objet :
- de renforcer la coordination des acteurs de l’orientation (13 projets)
- d’élargir les choix d’orientation (12 projets)
- de faciliter la transition du lycée vers l’université (13 projets)
- de renforcer le lien entre l’orientation et le monde professionnel (8 projets)
3. Premiers enseignements
Les expérimentations relatives à l’orientation scolaire et professionnelle soutenues dans le cadre du FEJ cherchent à lutter contre les inégalités qui traversent le processus d’orientation en se concentrant sur deux types d’actions.
D’une part, les projets visent une meilleure coordination des acteurs de l’orientation par leur mise en réseau, notamment via des portails Internet. Les premiers résultats montrent l’intérêt que portent les acteurs impliqués dans les projets, mais pointent également les conditions nécessaires à la mise en œuvre réussie de ces partenariats : une construction commune du dispositif et des outils, la complémentarité des compétences et l’acceptation de la diversité des approches.
D’autre part, ils entendent agir plus directement sur les choix d’orientations des élèves, notamment par une transformation des informations reçues par les jeunes et les familles, selon des formes d’actions différenciées : intensification des liens entre les collèges et les familles, entre des établissements d’enseignement secondaire et d’enseignement supérieur, entre des jeunes et des adultes témoignant de leur parcours ou assurant un rôle de parrain.
Des évaluations d’impact réalisées montrent des résultats significatifs, dont les plus importants sont ceux de la « Mallette des parents en 3ème » : les deux réunions organisées par les chefs d’établissement en direction des parents des élèves les plus en difficulté permettent de réduire la proportion de décrocheurs à l’issue de la classe de 3ème de 8,8% à 5,1% des élèves (soit une baisse de plus de 40%). Le dispositif facilite une orientation plus rapide vers la filière professionnelle.
D’une manière plus générale, les résultats quantitatifs significatifs obtenus par les expérimentations portent souvent sur l’ajustement entre les attentes des jeunes et des familles et les possibilités qui leur sont offertes en fonction de leurs résultats scolaires. C’est notamment le cas de dispositifs de parrainage qui aboutissent, d’une manière qui n’était pas nécessairement attendue au départ, à une réduction des ambitions scolaires des élèves parrainés. Ces résultats soulignent, par contraste, la difficulté des expérimentations à élargir la gamme des possibles : agissant sur l’information et les représentations des élèves au moment de faire des choix, ils n’ont d’effet ni sur leur trajectoire scolaire antérieure ni sur le système d’allocation des élèves aux places disponibles qui détermine les options ouvertes à chacun dans le cadre du processus d’orientation.
Ces résultats ne sont pas sans importance puisque l’orientation subie et mal préparée, notamment en fin de 3ème, entraîne des redoublements inutiles, des choix par défaut et des abandons d’études, mais ils laissent ouvertes les questions relatives aux transformations du processus d’orientation et plus largement, d’acquisition inégale des compétences scolaires, qui permettraient une ouverture plus large des trajectoires scolaires. Cette limite est visible dans les évaluations des projets qui concernent la lutte contre les stéréotypes de genre dans l’orientation : l’information donnée sur les possibilités de s’engager dans des voies d’études traditionnellement peu féminisées rencontre l’intérêt des acteurs mais ne permet pas de transformer à brève échéance des choix inscrits dans des parcours sociaux et scolaires sexués et inégaux.
À consulter :
Les fiches d’expérimentation terminées "Orientation"