Mobilité internationale
La mobilité internationale des jeunes reste encore aujourd’hui limitée, et souvent réservée aux jeunes les mieux insérés. Les projets présentés ci-dessous visent à faciliter et accompagner la mobilité des jeunes peu ou pas qualifiés, en valorisant leur séjour à l’étranger comme une étape structurante dans leur parcours d’insertion sociale et professionnelle.
Documents
1. Enjeux pour les politiques publiques
Comme l’explique la sociologue Anne-Catherine Wagner, « les voyages de formation contribuent de longue date à l’éducation de la jeunesse des hautes classes : des traditions familiales, consolidées de génération en génération, font du voyage universitaire le moment d’un apprentissage social important dans la formation des élites ». En d’autres termes, si les voyages forment la jeunesse, ils forment traditionnellement d’abord une jeunesse « dorée ». En revanche, comme l’explique une note récente du CEREQ sur la mobilité internationale des jeunes ayant moins d’opportunités « les jeunes très faiblement diplômés, en décrochage scolaire, précaires, en errance ou sujets à discriminations ont peu, voire pas du tout, accès aux programmes de mobilité ».
Des actions sont menées pour promouvoir la mobilité des jeunes de tous horizons, en particulier par l’Agence française du programme européen « Jeunesse en action », qui s’adresse à tous les 13-30 ans et met à la disposition de porteurs de projets (groupements de jeunes, associations, collectivités…) des financements pour la conduite d’échanges ou d’initiatives de jeunes, de volontariat, de séminaires ». Elle permet, par exemple, que des jeunes ayant peu d’opportunités de mobilité s’inscrivent dans des dispositifs comme le Service volontaire européen.
La concertation menée en 2009 sur la politique de la jeunesse avait fait le constat que, malgré ces dispositifs, la mobilité internationale « profite très majoritairement aux jeunes étudiants ou diplômés ». Il estimait nécessaire de travailler, en conséquence, sur les réponses apportées aux demandes de mobilité, sur la coordination des partenaires et sur le développement de la mobilité des jeunes en emploi ou en recherche d’emploi. Il recommandait de cibler certaines franges de la jeunesse qui ont moins d’opportunités de mobilité internationale, par exemple les apprentis.
Les expérimentations développent des projets visant à accroître la mobilité de jeunes en difficulté d’insertion, déscolarisés ou faiblement diplômés. Elles mobilisent l’organisation de séjours individuels ou en groupe, à des fins scolaires, économiques (stages en entreprises) ou humanitaires. Pour ce faire, elles développent de nouvelles coordinations entre les acteurs et de nouveaux moyens d’information et d’accompagnement des jeunes.
Les évaluations devraient permettre d’apporter des réponses aux questions suivantes : comment accompagner la mobilité internationale des jeunes en insertion ? Quels dispositifs sont les mieux à même de promouvoir la mobilité dans le cadre scolaire ? Quelles coordinations des acteurs de la mobilité donnent les meilleurs résultats ?
2. Dispositifs expérimentés
17 expérimentations sont soutenues par le FEJ qui devraient bénéficier à environ 5 800 jeunes :
- 14 s’inscrivant dans le cadre de l’axe 4 « Soutenir les initiatives et les projets des jeunes » du premier appel à projets (AP1), publié en avril 2009 ;
- 3 s’inscrivant dans le cadre du programme 2 « Actions innovantes pour développer la mobilité internationale des jeunes » du premier appel à projets pour l’Outre-mer (APDOM1) publié en août 2009.
5 de ces projets sont portés par des collectivités territoriales.
Ils ont pour objet :
- d’accompagner la mobilité internationale des jeunes en insertion (11 projets)
- d’accompagner la mobilité internationale dans le cadre scolaire (3 projets)
- de créer des partenariats entre les acteurs de la mobilité internationale (3 projets)
3. Premiers enseignements
Si les dispositifs de mobilité internationale sont nombreux, et leur efficacité reconnue, ils demeurent insuffisamment visibles et coordonnés, d’une part, et bénéficient peu aux jeunes les moins diplômés, d’autre part. L’enjeu des projets était donc de permettre un meilleur accès à la mobilité des jeunes ayant moins d’opportunités ainsi que de structurer de nouveaux partenariats entre les acteurs de la mobilité internationale et les acteurs de l’insertion.
Les dispositifs ont articulé, de différentes manières, des actions de communication pour faire connaître les possibilités de mobilité aux jeunes ayant moins d’opportunités (jeunes en missions locales, apprentis), la mise en œuvre de partenariats nouveaux entre opérateurs de mobilité et acteurs de l’insertion et de l’information des jeunes, la constitution de plateformes pour proposer une offre de mobilité plus lisible et coordonnée, en appui sur des dispositifs régionaux et européens, et enfin la mise en œuvre d’accompagnements à même de lever les freins à la mobilité.
Des actions permettent une levée partielle de ces freins, notamment le parrainage par des jeunes ayant une expérience de mobilité et l’organisation de mobilités collectives. Dans de nombreux projets cependant, les dispositifs ont touché des jeunes plus formés que prévu (leur niveau de formation moyen correspondait approximativement au baccalauréat). Il n’est, à l’issue des expérimentations, pas possible de conclure quant à une amélioration directe de l’employabilité des jeunes bénéficiaires. Si la mobilité est majoritairement perçue comme positive par les jeunes, ce n’est pas nécessairement pour son aspect d’apprentissage de nouvelles compétences professionnelles mais plutôt comme une expérience permettant de faire le point sur son parcours, de retrouver une motivation et de réfléchir à son projet professionnel.
Les évaluations permettent d’analyser les conditions de fonctionnement de partenariats efficaces pour élargir et rendre visible l’offre de mobilité à l’échelle régionale. Les actions décidées dans le cadre du Comité interministériel de la jeunesse tenu le 21 février 2013 s’inscrivent dans cette logique afin de permettre l’accroissement du nombre de jeunes effectuant une mobilité et la diversification de leur profil.
À consulter :
Les fiches d’expérimentation terminées "Mobilité internationale"