Lutte contre le décrochage scolaire
Vous trouverez dans cette rubrique l’ensemble de la documentation produite par le FEJ sur la thématique "Lutte contre le décrochage scolaire".
Documents
1. Enjeux pour les politiques publiques
Comme l’explique le bilan sur L’État de l’école publié en novembre 2011 par le ministère de l’Éducation nationale : en 2010, 12,6 % des français âgés de 18 à 24 ans ont quitté leurs études initiales peu diplômés et ne sont pas en situation de formation. Entre juin 2010 et mars 2011, 254 000 jeunes ont quitté le système de formation et 72 000 d’entre eux sont suivis par le réseau des missions locales.
Au total, « 180 000 jeunes peuvent être considérés comme "perdus de vue" ». Or, l’abandon prématuré de la formation marque durablement le parcours professionnel des jeunes. Enquêtant sur les jeunes d’un quartier populaire de Montbéliard, les sociologues Stéphane Beaud et Michel Pialoux estiment que la sortie du système scolaire résonne « souvent comme un quasi arrêt de mort sociale pour ces jeunes sans capital culturel et sans capital social ».
La diversité des facteurs de décrochage explique la difficulté de sa prise en charge par les pouvoirs publics. En effet, estiment les chercheurs Maryse Esterlé et Etienne Douat, qui ont mené une recherche-action dans des établissements scolaires, les raisons du « décrochage », « des absences » et du « découragement » de certains élèves sont complexes, impliquant d’abord « l’institution scolaire » mais aussi « les élèves et leurs parents, les sociabilités juvéniles ».
La concertation jeunesse menée en 2009 précise que « les besoins des jeunes qui quittent précocement le système scolaire (…) appellent des réponses davantage personnalisées que celles que peuvent apporter habituellement l’Éducation nationale ou les organismes de formation continue ».
L’enjeu des expérimentations est de parvenir à élaborer une « prise en compte des situations individuelles des élèves », à la fois en amont pour prévenir le décrochage et en aval pour remédier à la situation des jeunes qui ont décroché. Les projets mettent en place de nouvelles coordinations entre les acteurs, sous la forme de plates-formes (qui sont en voie de généralisation, voir encadré ci-dessous), un renforcement des actions préventives et une transformation de l’offre de formation.
Les évaluations devraient permettre d’apporter des réponses aux questions suivantes : quelles pratiques scolaires et extrascolaires sont les mieux à même de prévenir le décrochage ? Quels outils permettent de repérer les élèves décrocheurs ? Quelles actions permettent de proposer des solutions personnalisées aux jeunes qui ont décroché ?
2. Dispositifs expérimentés
41 expérimentations sont soutenues par le FEJ qui devraient bénéficier à environ 13 600 jeunes :
- 35 s’inscrivant dans le cadre de l’axe 1 « Réduire les sorties prématurées du système de formation initiale » du premier appel à projets, publié en avril 2009 (AP1) ;
- 5 s’inscrivant dans le cadre du programme 1 « Prévenir et lutter contre le décrochage scolaire » du premier appel à projets pour l’Outre-mer, lancé en aout 2009 (APDOM1) ;
- 1 issue de l’appel à projets lancé en 2008 par la DIIESES.
9 de ces projets sont portés par des collectivités territoriales.
Les dispositifs expérimentés ont pour objet :
- de prévenir le décrochage scolaire (10 projets)
- lutter contre le décrochage scolaire par une meilleure coordination des acteurs (31 projets)
3. Premiers enseignements
Les expérimentations soutenues dans le cadre du FEJ afin de lutter contre le décrochage scolaire empruntent deux registres d’actions : celui qui vise à prévenir le décrochage d’élèves en difficulté et celui qui vise à repérer et à soutenir les jeunes qui ont déjà décroché.
En matière de prévention du décrochage, l’apport des projets de prévention réside dans l’expérimentation de formes innovantes de soutien et d’accompagnement des jeunes en grande difficulté dans leur scolarité. Le principal élément d’innovation réside dans l’articulation entre interventions scolaires, éducatives, d’accompagnement et de soin. Les expérimentations les plus abouties permettent ainsi de sortir des jeunes en échec d’une situation scolaire qui paraît sans issue en leur proposant des formes d’activités alternatives, dans le cadre des établissements scolaires ou en dehors. La question qui demeure posée est celle de l’articulation entre ces dispositifs et le monde scolaire lui-même. Le temps de la prise en charge est aussi un temps de distance avec l’enseignement ordinaire : le bénéfice retiré de la sortie du cadre scolaire (souplesse dans la prise en charge, petits groupes, accompagnement personnel, pédagogies alternatives, absence de notes) rend en même temps difficile le retour dans la scolarité. Les expérimentations de « mallette des parents » en 6ème et en 3ème ont quant à elles permis de mesurer les effets d’actions tournées vers les parents des jeunes les plus en difficulté, afin de les soutenir dans la compréhension des enjeux de l’orientation et des codes de l’institution scolaire. Les évaluations de ces dispositifs peu coûteux et reproductibles mettent en lumière leurs effets importants pour prévenir le décrochage et favoriser l’appropriation par les jeunes et leurs familles de leurs choix d’orientation.
L’apport principal des projets de soutien aux élèves décrochés, autour des plates-formes de repérage et de la mise en place d’applications informatiques nouvelles, a été de rendre ces jeunes visibles pour les institutions et de mobiliser les acteurs dans une recherche de solutions de scolarisation, de formation et d’insertion professionnelle menée en partenariat.
La limite pointée par les évaluations porte sur la nature des solutions apportées à la situation des jeunes. En effet, le raccrochage aux institutions d’insertion, en particulier aux missions locales, est un premier pas qui pose ensuite une question qui dépasse le cas des décrocheurs : celle de l’insertion professionnelle des jeunes les moins diplômés.
À consulter :
Les fiches d’expérimentation terminées "Décrochage scolaire"