De l’empathie pour lutter contre le harcèlement à l’école
Documents
Objectifs de l’expérimentation
Mieux répondre à la prévention du harcèlement et des violences par l’éducation à l’empathie dès l’école primaire. Deux pédagogies d’apprentissage de l’empathie sont construites et expérimentées, à destination des élèves, mais également par la formation des équipes pédagogiques et en associant les parents.
L’hypothèse centrale du projet est que l’éducation à la valeur d’empathie dès l’école élémentaire éviterait que se développent des situations de harcèlement à l’école ou en dehors de l’école (sur les réseaux sociaux par exemple). L’évaluation cherche ainsi à repérer en quoi la démarche de formation à l’empathie en direction des enseignants et des élèves et les deux pédagogies proposées peuvent avoir un effet sur l’appréhension des situations de violence et réduire les formes de harcèlement au sein de l’établissement.
Parties prenantes
Université du Maine (enseignants-chercheurs et étudiants en STAPS).
Territoire de l’expérimentation
L’agglomération Mancelle (département de la Sarthe).
Public(s) cible(s)
Des écoles primaires de l’éducation prioritaire : les réseaux ECLAIR Alain Fournier et Val d’Huisne, les réseaux ECLAIR Ronceray et RRS Vauguyon, les réseaux RRS d’Allones.
Soit, 108 enseignants, 2 165 élèves, 4 210 parents, 50 à 60 étudiants de l’IUFM.
Modalités opérationnelles
La mise en œuvre de ce projet passe donc par :
- La formation des professeurs des écoles par les porteurs de projet pendant 2 ans par le biais de conférences, de groupes de travail et de mises en situation régulières (séances de théâtre forum, de gestion et médiation de conflits et d’expression).
- Des séances d’activité physique (sportive et théâtrale) et d’échanges régulières pendant 2 ans dans 25 classe de CM1-CM2 assurées par les professeurs des écoles et les intervenants (enseignants- chercheurs, étudiants STAPS, conseillers pédagogiques) formés aux méthodes d’éducation à l’empathie.
- L’association des parents au projet par la mise en place de « goûters des parents ».
Evaluation et enseignements attendus
L’évaluation se concentre sur la détection et la compréhension des modes de prise en charge mis en œuvre pour lutter contre les phénomènes de harcèlement en contexte scolaire en tenant compte des différents publics concernés. Il s’agit de saisir les représentations, les formes d’appréciation du projet et les formes de mobilisation des équipes éducatives et des élèves. Un travail ethnographique sera ainsi mené (méthodes qualitatives : entretiens individuels, focus groupes, observation).
Le rapport final est attendu pour le dernier trimestre 2014.
Durée prévisionnelle de l’expérimentation
2 ans et demi (juin 2012 - décembre 2014)
Enseignements de l’expérimentation
Le protocole expérimental s’intéressait à la façon dont l’éducation à l’empathie des enseignants et des élèves développe chez les acteurs de l’école des compétences nouvelles susceptibles d’influer sur le climat scolaire et de prévenir les situations de harcèlement. Cette évaluation a mobilisé des méthodes qualitatives (entretiens individuels, focus groupes, observations), et dans une moindre mesure, des méthodes quantitatives. L’ensemble des résultats doit être interprété avec précaution, car la méthodologie d’évaluation ne permet pas une mesure causale de l’impact du dispositif.
Les actions menées sont corrélées à une diminution des situations de violence et de harcèlement. Le nombre d’élèves isolés a également reculé. Ce résultat est à rapprocher des activités menées pendant l’expérimentation, qui ont appris aux élèves à jouer ensemble. De même, la proportion d’élèves harcelés diminue de moitié. Enfin, la capacité des élèves à proposer une solution face à une situation de harcèlement semble renforcée.
Les enseignants manifestent une prise de conscience du phénomène du harcèlement. Avant la mise en œuvre du programme, les enseignants n’évoquaient pratiquement que les bagarres lorsqu’ils étaient interrogés sur les formes de violences qui existaient au sein de leur établissement. En revanche, à la fin du programme, les situations de harcèlement, leurs causes, et leurs conséquences prennent une place importante lors des entretiens.
Enfin, en élargissant la problématique à la violence de manière générale, on observe que les garçons sont globalement aussi concernés que les filles, mais qu’ils ne sont pas touchés par les mêmes formes de violence. Ainsi, les filles sont davantage victimes de violences relationnelles (situations d’exclusion), là où les garçons sont plus sujets aux violences physiques. De même, en s’intéressant à la question du climat scolaire, on remarque également que les lieux de l’école (salle de classe, terrain de sport, grille de l’école…) où les enfants se sentent bien diffèrent selon le genre. La prise en compte du genre dans la lutte contre le harcèlement semble une dimension importante pour orienter les actions de prévention et lutte contre les violences scolaires.