Education populaire
Les projets soutenus ont pour objectif de favoriser des actions d’éducation populaire tournées vers l’émancipation et vers l’action citoyenne des jeunes par le développement de nouvelles pratiques numériques, la constitution de lieux ou de médias jeunes innovants.
1. Enjeux pour les politiques publiques
L’éducation populaire bénéficie « d’un regain d’intérêt qui vient s’enraciner dans une nouvelle configuration historique, à travers la mondialisation culturelle, le développement de nouveaux rapports aux savoirs, le développement de la société de la connaissance et de l’information, et de nouvelles formes de développement du lien social ». Au cœur de ces mutations, l’éducation populaire demeure structurée par deux traits constants, favoriser l’accès du plus grand nombre à la culture, d’une part, et d’autre part, l’accès aux savoirs et à la culture « comme condition de l’exercice de la citoyenneté ». Mais le déploiement de ces objectifs se fait désormais dans un contexte renouvelé par la place croissante du numérique, l’émergence de nouveaux espaces et de nouveaux medias.
L’omniprésence du numérique dans l’ensemble des éléments de vie des individus et des collectifs est partie prenante de ces transformations. La question de la « fracture numérique », entendue principalement comme un enjeu d’équipement, cède progressivement la place à la problématique de « l’inclusion numérique ». La diversité des usages des nouvelles technologies a donné peu à peu à tous de nouveaux moyens d’apprendre et de coopérer à la production des savoirs et ont permis à chacun de participer à la transmission et à la diffusion des apprentissages. Toutefois, ces pratiques et leur maitrise restent encore marquées par des inégalités sociales fortes, ce que révèlent les indicateurs sur le sentiment de compétence numérique qui progressent plus lentement que le taux d’équipement des ménages. Les problématiques liées à l’inclusion numérique sont également visibles à travers les grandes disparités territoriales en matière de politiques et d’initiatives de développement numérique.
Ainsi, dans son rapport “Citoyens d’une société numérique” (2013), le Conseil national du numérique faisait du numérique un outil de transformation sociale en permettant le renforcement du « pouvoir d’agir », tandis que son dernier rapport — le rapport “Jules Ferry 3.0”, remis en octobre 2014 – s’est plus particulièrement intéressé à la question de l’éducation numérique. Nombreux sont les acteurs publics et associatifs à placer le numérique au cœur des politiques publiques de jeunesse, comme l’atteste le lancement en janvier 2015 par le ministère de l’Éducation nationale d’une « Concertation nationale sur le numérique pour l’éducation » dans le cadre de la stratégie de « l’École numérique ».
Pour ce faire, les expérimentations soutenues par le FEJ cherchent à promouvoir le développement de nouveaux espaces, de lieux innovants organisés par et pour les jeunes qui permettent de renouveler les pratiques et les publics de l’éducation populaire.
2. Dispositifs expérimentés
Parmi les 334 projets présentés, 52 projets ont été retenus.
L’objectif du programme d’expérimentation est de favoriser des actions d’éducation populaire tournées vers l’émancipation et vers l’action citoyenne des jeunes par le développement de nouvelles pratiques numériques, la constitution de lieux ou de médias jeunes innovants.
Ces objectifs généraux sont déclinés selon trois axes dont certains se cumulent et ont pour objet de :
- développer les pratiques numériques dans une démarche d’éducation populaire par la formation d’acteurs et la structuration de réseaux (49 projets) ;
- de développer des lieux innovants, mettant en avant de nouvelles modalités d’accueil et de mise en action des jeunes (32 projets) ;
- de promouvoir la création de médias citoyens, collaboratifs et participatifs de jeunes (30 projets).
3. Évaluation et enseignements attendus
L’évaluation de ces expérimentations devra permettre d’analyser les modalités et les obstacles du développement des espaces et des compétences numériques dans une démarche d’éducation populaire et d’étudier les conditions de développement des nouveaux médias par les jeunes et les pratiques qui en découlent. Elle doit avoir pour objectif de mieux comprendre la nature du rapport à la connaissance des jeunes à l’ère du numérique et d’analyser l’efficacité éventuelle des nouvelles méthodes pédagogiques (ou d’animation) fondées sur ces nouveaux outils et pratiques.
Pour cela, l’évaluation devra être attentive à la diversité des structures, des publics, des territoires et des conditions de mise en œuvre des actions.
La sélection des projets évalués veillera à inclure la plupart des projets identifiés comme des expérimentations « phares » sur ce champ.
L’évaluation reposera à la fois sur des méthodes qualitatives et quantitatives.
Dans le cadre de l’évaluation qualitative, l’évaluateur pourra mettre en place les procédés d’enquête suivants :
- Entretiens semi-directifs auprès des acteurs institutionnels impliqués dans les dispositifs et auprès des jeunes bénéficiaires aux profils différenciés ;
- Observations non participantes du fonctionnement des dispositifs ;
- Observations non participantes des actions organisées et des lieux mis en place (analyse des interactions entre les jeunes dans les médias, entre les jeunes et les animateurs, etc.) ;
- Etude de documents et de contenus (comptes-rendus de réunions ; tableaux de bord, documents de communication, contenus médiatiques et pédagogiques ou tout autre document jugé intéressant) ;
- Travail collectif (focus group) avec des panels d’usagers permettant un retour réflexif sur les pratiques expérimentées et plus largement, les enjeux liés aux usages du numérique ;
- Monographie sur un territoire sélectionné pour sa pertinence vis-à-vis des problématiques étudiées.
Dans le cadre de l’évaluation quantitative, l’évaluateur pourra mettre en place des méthodes statistiques (enquêtes par questionnaires et analyse de bases de données) afin de collecter des données dans un but de description des publics visés et des objectifs des actions menées sur l’acquisition de compétences. Ces méthodes pourront également servir à apprécier le caractère transférable des compétences numériques et voir dans quelle mesure l’acquisition de compétences numériques a pu améliorer l’insertion socioéconomique des jeunes.
Enfin, les aspects quantitatifs et qualitatifs de l’évaluation pourront interagir afin de fournir une analyse plus exhaustive des dispositifs mis en place.
Le protocole d’évaluation proposé ne couvrira pas toute la période d’expérimentation ; les actions expérimentées seront évaluées jusqu’en septembre 2016. Le rapport final d’évaluation étant attendu pour fin décembre 2016.
À consulter :
Les fiches d’expérimentation terminées "Education populaire" (premiers résultats attendus en 2016)