Enseignement renforcé du reo ma’ohi au cycle 3 comme prévention et lutte contre l’illettrisme en Polynésie française
Documents
Calendrier de l’expérimentation
du 01/08/2011 au 30/06/2014
Partenariats
Direction de l’Enseignement Primaire de la Polynésie française ; Directions et équipes pédagogiques des écoles expérimentales ; Centre Territoriale de Ressources et de Documentation Pédagogique de la Polynésie française ; Laboratoire CREN – Université de Nantes ; Laboratoire IRIS ; Laboratoire CNEP – Université de la Nouvelle-Calédonie
Problématique
Les analyses effectuées sur les dispositifs d’enseignement bilingue s’accordent généralement sur leur impact positif sur le développement du langage et sur la réussite scolaire.
Cependant, les résultats actuels restent insuffisants et il convient de poursuivre les validations expérimentales dans des contextes sociolinguistiques différents. En particulier, ces recherches sont souvent issues d’études anglophones dans lesquelles les langues considérées sont des « grandes » langues (anglais, français, espagnol, mandarin, hébreu, etc.). Comparativement, il existe peu d’études françaises sur le bilinguisme et encore moins dans des contextes ayant des langues de statuts très différents, comme c’est le cas en Polynésie française.
Par ailleurs, comme le souligne la littérature scientifique, un certain nombre d’années (environ 6 ans) est nécessaire pour voir apparaître d’éventuels effets de transferts positifs inter-langues et s’assurer des avantages du développement bilingue sur les apprentissages scolaires. La mise en place du programme ReoC3 offrira l’opportunité de suivre au cycle 3 des élèves qui ont déjà reçu un enseignement renforcé du tahitien au CP et au CE1, et ainsi effectuer un suivi longitudinal de 5 ans.
Cette recherche répond à une très forte demande au sein des collectivités françaises d’Outre-mer où l’école cherche à « concilier la nécessaire maîtrise du français avec la non moins nécessaire valorisation des langues régionales » Les résultats produits à l’issue de l’évaluation fourniront aux autorités politiques et pédagogiques locales et nationales des éléments d’appréciation afin d’optimiser le développement des compétences langagières et scolaires des élèves en contexte plurilingue et pluriculturel.
Objectifs
Avec ce dispositif expérimental, il s’agit plus particulièrement :
– de mettre en place des classes expérimentales de l’enseignement des langues et de la culture polynésiennes (LCP) au CE2, puis au CM1 ;
– de sensibiliser et d’informer les familles sur leur rôle dans la construction des compétences langagières des élèves dans un environnement familial et social plurilingue ;
– d’évaluer l’impact du dispositif ReoC3 ;
– de penser les modalités de la généralisation d’un tel dispositif.
Public
Elèves de cycle 3 (CE2, CM1) de Polynésie française.
Actions menées
La mise en œuvre d’un enseignement expérimental renforcé du tahitien au cycle 3 nécessite :
– d’identifier les sites expérimentaux et les élèves (n = 120) concernées par le dispositif ReoC3, ainsi que les élèves du groupe témoin (n = 92) ;
– d’identifier et de former des enseignants titulaires bilingues français-tahitien ;
– de produire des contenus et des supports d’enseignement. ;
– de procéder à une analyse descriptive fine et explicite des modes d’organisation, de concertation, de pilotage, d’encadrement et d’accompagnement de l’enseignement LCP ;
– de renseigner sur les pratiques de classe via la tenue d’un carnet de bord électronique par chaque enseignant du dispositif expérimental.
Les actions de sensibilisation/information des familles seront élaborées en concertation avec les enseignants-chercheurs du programme ReoC3.
Territoires concernés par le projet expérimental
Tahiti et Moorea (Polynésie française)
Enseignements de l’expérimentation
L’évaluation quantitative du dispositif permet de mettre en avant ses effets positifs sur le développement langagier des élèves en tahitien, ce malgré une grande hétérogénéité des élèves et des pratiques enseignantes. En revanche, on n’observe pas d’effet sur leurs compétences en français.
L’évaluation qualitative devait évaluer le degré d’information et de sensibilisation des familles sur leur rôle dans la construction des compétences langagières des enfants dans les deux langues et le rapprochement entre institution scolaire et familles. Le dispositif proposé dans ce but s’il est satisfaisant a une portée faible puisqu’il n’a pas réussi à mobiliser les familles les plus éloignées et que la participation est restée faible.
En revanche, il permet de souligner le développer d’une véritable conscience langagière dans les familles du groupe test ainsi qu’une plus grande information sur le dispositif de renforcement linguistique bilingue et qu’une meilleure perception des compétences des enfants.
Pour aller plus loin, consulter la conférence de Marie SALAÜN, "De quelques malentendus autour du rôle des parents dans l’étayage de l’écrit. Retours sur l’expérimentation Reo C3 en Polynésie française" produite à partir des résultats de l’expérimentation soutenue par le FEJ.